Il n’est plus…
Ayant perdu sa mère quelques mois auparavant, il s’était naturellement rapproché de son père avec lequel les relations étaient parfois tendues, même si les balades en moto et les rires atténuaient quelque peu la distance existant entre les deux hommes. L’un se retranchait derrière la notion du respect, l’autre ne comprenant pas toujours ce qu’il pensait être un manque d’amour.
Lorsque son père fut admis à l’hôpital, ce fut, pour lui, une étape difficile, mais l’espoir de le voir en sortir était cependant plus fort. Chaque jour, il se rendait à son chevet et priait avec celui qui lui avait tracé un chemin de vie, avec celui qui lui avait forgé le caractère.
Un soir, l’ayant laissé souriant et apaisé, il rentra chez lui et s’installa, en compagnie de son épouse, sous le porche d’entrée comme ils en avaient l’habitude lorsque la fraîcheur du moment le permettait. Ils échangeaient régulièrement sur leur journée respective, sur les enfants. C’est alors qu’un tourbillon fit son apparition, soulevant la poussière, devant eux. Cela ne dura que quelques secondes n’entraînant aucun dégât matériel. Aucun dégât matériel, oui. C’était sans compter sur la peine qui allait suivre. Notre homme se tourna alors vers sa femme et lui lança, la voix larmoyante, un funeste « c’est fini ! ». Son épouse, silencieuse, sembla acquiescer en se rapprochant de lui pour le réconforter.
La triste confirmation de son ressenti lui arriva de l’hôpital quelques minutes plus tard : « Bonjour Monsieur, j’espère que vous vous portez bien. Je viens vous annoncer que papa nous a quittés… ».