Sarah (22)
Mes frères, une fois le repas terminé, s’éclipsèrent et moi, fatiguée, je demandai à partir, à quitter la table et aller me reposer. Je les laissai donc seuls. De ma chambre j’entendais maman rire. Le sommeil s’accapara rapidement de mon corps.
Au lever, maman était déjà dans la cuisine en train de chanter. Elle avait fait et du thé et du café, le pain était encore chaud. « J’espère que ton patron va aimer ce que je compte préparer », me dit-elle. Elle avait une façon de préparer les omelettes sans nul autre pareil. Elle avait aussi demandé à mes frères d’aller chercher l’eau au puits pour notre hôte. Décidément il n’y en avait que pour lui depuis hier me disais-je. À son lever il eut droit à un repas de roi et nous à un poème qu’il voulait nous réciter.
« Écoute plus souvent
Les choses que les êtres,
La voix du feu s’entend
Entends la voix de l’eau
Écoute dans le vent
Le buisson en sanglot :
C’est le souffle des ancêtres.
Ceux qui sont morts ne sont jamais partis
Ils sont dans l’ombre qui s’éclaire
Et dans l’ombre qui s’épaissit,
Les morts ne sont pas sous la terre
Ils sont dans l’arbre qui frémit,
Ils sont dans le bois qui gémit,
Ils sont dans l’eau qui coule,
Ils sont dans l’eau qui dort,
Ils sont dans la case, ils sont dans la foule
Les morts ne sont pas morts. »
C’eût le don d’émouvoir ma mère, les larmes lui coulèrent. Papa était parti depuis 4 ans déjà. Notre invité laissa alors le silence s’installer quelques minutes pour ensuite annoncer que l’auteur de ce poème était Birago Diop, poète sénégalais. Maman, remise de ses émotions, ajouta que c’était un bien beau poème tout en ajoutant qu’elle allait devoir s’absenter pour se rendre au petit marché à quelques kilomètres de chez nous. Monsieur Zinga se proposa alors de l’accompagner. Personne ne me demanda de me joindre à eux…maman me laissa son téléphone au cas où.
L’extrait est intéressant.
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Le livre est offert en lecture… Il y a déjà eu 21 épisodes avant celui-ci
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